Lors d’une conférence TedX, le médecin marocain a confié comment il est passé de l’incrédulité à la surprise en découvrant les pouvoirs de la petite algue.
Comment avez-vous découvert la spiruline ?
Dr : Yasser Medkouri : Quand j’étais étudiant en médecine, j’ai réalisé que 70% des gens qui venaient à l’hôpital étaient des gens mal nourris. Vous devez savoir qu’au Maroc, on a affaire à la malnutrition au quotidien. Malgré ça, je me rends compte que je ne peux rien y faire.
C’est alors qu’un jour un ami m’appelle pour me dire qu’il y a sur la toile une micro-algue : la spiruline ! Elle pourrait avoir des vertus… miraculeuses. Même si c’est anti-déontologique de parler de miracle. Le scientifique que je suis découvre alors qu’il existe, en effet, un organisme à la limite de l’animal et du végétal, avec de l’ADN et en même temps de la chlorophylle, et qui existe depuis 3,5 milliards d’années, à l’origine de la photosynthèse.
Cette micro-algue -dont certains assurent qu’elle pourrait même prévenir du cancer -, était aussi utilisée un peu partout dans le monde pour arrêter la multiplication anarchique des cellules. Elle pourrait aussi renforcer la membrane contre la pénétration d’HIV, aider à lutter contre l’obésité, brûler le cholestérol, le sucre…Tout cela existe sur internet, et, pire encore, tout cela serait prouvé. Je prenais alors toutes ces informations. Il fallait que je vérifie par moi-même.
Comment avez-vous fait vos recherches ?
Dr YM : J’ai pris ma valise, pris l’avion, et je suis repartie du début. J’ai intégré une école d’agriculture avec des gamins qui faisaient des analyses sur des cultures de micro-algues. Puis j’ai obtenu mon diplôme d’algoculteur. Après j’ai été formé dans une université américaine pour obtenir un master en micro-algues, en spiruline. Ensuite, j’ai été demander de l’aide pour pouvoir rentrer dans diverses structures un peu partout dans le monde. Et finalement, j’ai constaté que la composition de cette micro-algue était exceptionnelle.
C’est-à-dire ?
Dr YM : Elle renferme 55% de protéines végétales. Des protéines qui ne possèdent pas de membranes cellulosiques et qui pénètrent donc dans le sang. Cette micro-algue semble aussi posséder le record mondial des acides aminés. Ce n’est pas normal… Elle aurait aussi toutes les vitamines, sauf la vitamine C, ainsi que des enzymes, telles que la SOD, des pigments tels que la phycocyanine, valorisée par les laboratoires pharmaceutiques entre 30 000 et 70 000 dollars le kilo. Pourtant, pendant mes années de médecine, personne ne m’a parlé de la spiruline.
Qu’avez-vous fait après cette découverte ?
Je décide qu’il faut aller encore plus loin. Je cherche sur le Medline, la bible des médecins, et je trouve 173 références scientifiques qui prouvent que cette micro-algue a effectivement toutes ces vertus, que c’est un aliment thérapeutique, qu’elle contient un acide gamma linoléique qui existe nul part au monde, hormis dans le lait maternel. Il fallait donc aller chercher un peu plus loin.
Étiez-vous le seul à avoir découvert ce produit miracle ?
Dr YM : Non ! Je me rends compte qu’aux Etats-Unis, deux grosses industries ont compris, depuis 1986, qu’il y avait quelque chose de spécial avec la spiruline. Elles ont associé la micro-algue avec plusieurs aliments, des pâtes, de la farine…
Mais alors pourquoi personne n’est au courant ?
Dr YM : Si des Américains déploient autant de moyens pour une micro-algue, c’est qu’ils y trouvent un intérêt. Je découvre ensuite qu’au niveau des États-Unis, cette micro-algue est free agreements. La raison pour laquelle les laboratoires de nutrition ou pharmaceutiques ne s’intéressent pas à cette micro-algue est qu’ils n’y trouvent aucun intérêt financier.
Mais on a quand même réussi à en faire des hectares et des hectares. Le problème c’est qu’il n’y a pas d’argent, donc pas de marketing, pas de communication, et personne n’en entend parler !
Comment avez-vous promu la spiruline ?
Dr YM : J’ai décidé de faire cette culture au Maroc. Je suis allé en Suisse, j’ai pris 100ml, et j’ai commencé à la cultiver, dans ma baignoire. Après 1 an, j’ai réussi à obtenir une souche marocaine, qui est aujourd’hui en instance de brevet. C’est une chose que l’on peut tous intégrer à notre alimentation, en tant que complément, en tant qu’aliment. Elle peut prévenir jusqu’à 70% des cancers digestifs, elle augmente l’immunité. Elle ne guérit rien, mais elle prévient. On a donc décidé de la produire pendant 7 ans, de faire des expériences avec d’autres chercheurs. On l’a même certifiée biologique, faisant de nous la troisième production au monde certifiée éco-serre. Mais j’ai un vœu. Je souhaite que l’on arrive à faire de cette micro-algue au Maroc le verger de l’avenir. Si demain, nous arrivons au Maroc à augmenter la qualité de nos productions, à investir sur la recherche, je suis convaincu que la spiruline a encore beaucoup de choses à révéler…